Gary Emile

Ça n’était pas la première fois, alors j’ai soulevé la plaque de carton grise et rigide, puis j’ai retourné coté gris, sur le tapis du salon, le grand puzzle que je venais de terminer pour le refaire…

Chez mes grand parents, ce carton était là pour déplacer le puzzle sans le défaire !

Je ne garde pas d’images précises, parce que ce sont les sensations de l’acuité que je développais qui m’importaient ; l’image de la fin, dans le fond, était une déception, parce que je l’avais en référence sous les yeux et qu’elle mettait un terme au processus…

Toute histoire d’amour est un puzzle comme celui de la vie. Mais, 2 pièces ne font pas le puzzle…

Je réalise, que le puzzle de mes histoires d’amour déçues, inachevées ou détruites, ont été avant tout le résultat d’images déjà constituées, projetées sur la face grise d’un puzzle en construction, un peu comme si j’avais voulu forcer deux pièces à s’emboiter de force alors que ça ne collait pas, ni avec leur forme, ni avec leur image ! Seul les tout-petits se comportent comme ça avec les puzzles.

Pourtant de l’autre coté apparaissait déjà le début d’une esquisse que j’aurais pu regarder et souhaiter pouvoir poursuivre avec elles…

Ces images n’étaient pas ce que j’étais, mais ce que je projetais. Elles ne sont pas l’histoire d’amour non plus.

Sur ce puzzle là, il n’y a pas d’image sur la boite.

Je me pose la question de cette image que je connaissais au départ. J’avais choisi ce puzzle parce que j’en aimais l’image ! Mais ce que j’aimais dans le puzzle, à l’intérieur de cette dimension suspendue en dehors du temps, c’est ce que j’y découvrais de moi-même !

J’étais concentré, patient et je développais cette acuité pour identifier et distinguer une forme d’une autre et rapprocher, avant qu’ils ne le soient vraiment, ces fragments d’images que je voulais voir s’emboiter ! Parfois, j’étais sûr que ça rentrerait : Mais non ! Et avec le temps, je faisais moins d’erreurs. J’étais devenu très fort en puzzle !

Je réalise que l’amour est une histoire de puzzle sans fin, qui n’a de représentation connue, que celle, peut-être, de la confiance en notre capacité à pouvoir, patiemment et sans forcer, assembler des « pièces » qui vont ensemble…

Mais la grande spécificité de ce puzzle de l’amour, c’est que ses pièces sont le plus souvent émotionnelles, sensuelles, mais aussi, immatérielles et conceptuelles ! (la disponibilité, l’écoute, les échanges d’idées…)

A ce jeu là, j’ai conscience, qu’à « la-grande-galerie-je-farfouille », ceux qui trouvent, sont ceux qui cherchent ; parce qu’ils s’y retrouvent plus souvent qu’ils ne s’y perdent !

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