« Un homme est riche de tout ce dont il peut se passer. »

Henri David Thoreau

Nous sommes tous déracinés.

Les quelques rares humains que l’on pourrait encore authentiquement associer à leur environnement, sont eux aussi, soit impactés, soit déjà pervertis par la mondialisation qui n’est autre qu’une conséquence du « Dieu-Pognon » et des machines énergivores.

Pendant des millénaires, l’homme a été ancré dans la réalité physique du monde qui l’entourait. Il transmettait son expérience et ses connaissances empiriques de génération en génération et manquait de temps pour se regarder dans le miroir de l’eau.

Et s’il a divinisé tous les phénomènes de la nature, c’est parce qu’il ne les comprenait pas et peut-être aussi parce que la vie était cruelle et dure. Sans doute Dieu pouvait-il avoir sa place alors.

Toutes les qualités humaines, qu’elles soient innées ou acquises, ou le résultat d’un intérêt collectif recherché, ou le fait d’une nature spécifique de l’humain sur le plan anthropologique, ont été récupérées, soit par des prédicateurs moralisateurs, illuminés ou pas, soit par ceux dont l’expérience pouvait faire autorité et qui souvent avaient déjà pris le pouvoir. Toutes ses formes de récupération ont fini par s’agréger en institutions de pouvoir, qu’elles soient religieuses ou politiques, pour régir la vie des hommes et celle de la cité.

Nos qualités originelles ont basculé dans une forme « morale » ou d’origine « divine ». Notre nature n’est plus faite que de nos plus bas instincts : il s’agit donc de les réformer et de les transcender.

La République sait-elle qu’elle est elle-même « transcendée » par le « divin-pognon » qui ne vise rien d’autre que lui-même et son accumulation maximale par le minimum d’individus ?

Avons-nous conscience des conflits intérieurs qu’engendre le fait de devoir se « transcender » sans cesse pour répondre aux exigences de ces nouvelles « entités transcendantales » que sont les écoles de la République, les entreprises, les églises, le marketing, le couple et l’Amour, alors qu’en réalité ces « transcendances » ne sont que les « opacités » qui permettent d’accéder au « pouvoir » que confère la valeur de l’argent.

Avons-nous conscience d’être misérablement gâtés par l’abondance comme jamais dans l’histoire de l’humanité ?

Avons-nous conscience qu’aux extrémités, les guerres ont toujours régulé nos manques ou nos excès ?

Nous sommes en conflit avec nous-même et avec nos proches aussi. Nous nous sommes aveuglés et nous avons perdu le fil de notre réalité terrestre et presque toutes les qualités qui y étaient associées. Nous consommons la Terre. L’argent et l’énergie abondante nous séparent, nous empêchent de nous appartenir et de retrouver notre réalité terrestre : nous sommes devenu ce que l’argent nous autorise, jusqu’à ce qu’il n’autorise plus rien à personne. Nous voudrions faire machine arrière en conservant les machines sans bientôt plus d’énergie pour les faire fonctionner.

Faut-il, pour ajouter à la confusion, s’en remettre à un autre Dieu ?

Si nous ne nous occupons pas du réel, c’est lui qui s’occupera de nous.

« Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse ne peuvent que chanter la gloire du chasseur. »

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