Gary Émile

Nos oreilles se sont imprégnées de vos cris. Parfois la vie emporte avec elle la raison dans son tourbillon de haine, dans ses cris de désespoir, dans ses appels aux changements.

Nous sommes rivés sur cette coulée de présent continu :

Que nous est-il possible de faire dans cette dépendance ? Qui sont ces hommes qui se déchaînent et savent s’affranchir ?

J’ai en moi la vision du chaos et je crois avoir grandi dans l’erreur d’une expérience trop longue, dans une dimension autodestructrice ou seule la vision de l’échec était une fin en soi.

Il ne me reste que des souvenirs d’ambiances de ce qui est pour moi l’essentiel de ma vie d’enfant.

Ces ambiances-là ont été comme des coups de tampons sur mon âme, des traces indélébiles, la trame de mon inconscient, la trame de ma vie.

Nous pouvons perdre la saveur de ces instants, qui pour d’autres fondent toute l’intensité de leur être futur, tout le pathétique de leurs engagements les plus nécessaires. Nous pouvons perdre le goût des choses.

Ambiances violemment impressionnantes où nos âmes vierges reçoivent la marque du verbe et du sens.

Géographie de notre âme, comme des pas dans la neige que le temps efface. Souvenir passé, dans les sous-couches de nos âmes piétinées, tu t’es recouvert de la blanche parure du présent.

Demain est un autre jour. L’écorce du passé s’est épaissie et déjà se ride.

En vérité je vous le dis, diables d’hommes, vous ne cessez de vous battre contre vous-mêmes et la vie se superpose à la vie.

À demain la liberté, lorsque sous l’épaisse écorce crevassée, viendra à se figer la dernière élasticité du temps, où s’anéantira dans un dernier soupir ce cœur tendre, cette boîte noire du souvenir, ce noyau dur de la vie qui ne sert qu’à vieillir.

Je me ferais façonneur de la puissance de vivre. Je créerai l’ambiance idéale où vos âmes, chers petits, trouveront l’énergie et la force du bonheur.

J’ouvrirai vos yeux sur le présent et sur vous-mêmes.

Vous aurez ce regard clair, brillant et transparent où tout se réfléchit et où toute chose transparaît.

Vos yeux seront comme le clair torrent d’une source qui jaillit. Vous serez fort non pas parce qu’on vous aura appris, mais parce que vous aurez choisi !

Vous autres à venir et toi Avenir, c’est pour vous que je croîs.

Dans l’ombre du temps passé, du temps perdu, du temps qui passe, du temps qui s’efface, tout est sournoisement permis !

L’humanité met en scène de grands drames, de grandes tragédies parce que nous sommes les fous du Roi, les descendants de la foi et que déjà, tant de fois nous avons trahi l’homme, tant de fois nous le trahissons …

Dans la solitude de nos pensées isolées, dans l’ombre de la folie humaine,

1990

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