Micky
Et voilà, j’ai arrêté mes bêtises. Me voilà sage comme une image enfin presque sage, car personne n’est parfait va t-on s’empresser de me dire.
Moi sage ? Où il n’y a pas longtemps que ça on disait que j’étais une mauvaise fréquentation. L’alcoolique, toxicomane une mauvaise réputation, que tout le monde évitait.
Ah non ! Sauf vous ! Mais on dit la même chose de vous !
Les incurables, les irrécupérables, les marginaux.
Aujourd’hui, il suffit d’avoir une 8,6 à la main, ne pas avoir les mêmes références que les biens-portant et on est considéré comme des marginaux !
En fait, ils ont peut-être raison…
Mais c’est avec les marginaux que j’ai appris à respecter les anciens, les femmes enceintes, les enfants, à se mettre bien avec les flics. Car tous ces gens là , je les insultais, les menaçais et ne les supportais pas, dans ma jeunesse, et j’avais des problèmes.
Mais bon, aujourd’hui, j’aspire a une nouvelle vie, à d’autres comportements plus respectables…
Mais qu’est ce que je me fais chier !!!
C’est bien ce que je pensais avant, je ne voulais pas de cette vie là, tranquille, presque molle, pour finir fade sans sel ni piment.
C’est vrai les emmerdes, je les gère mieux, mais ils sont quand même là.
Non pour l’instant, je ne sais pas où me placer. Par moments, j’ai envie de tout plaquer, pour retrouver mes repères mes relations, mes frères et sœurs de cœur (ou de défonce) .
Et si je ne le fais pas, c’est pour montrer que je peux relever des défis, et quel défi !
Un soir nous étions nombreux, à rire, à parler fort, à se taper dans le dos, à se filer des clopes, à vivre la nuit quoi. Il pleuvait et on squattait près d’une banque, seul abri du trottoir.
Le vigile spécialement payé pour éviter les débordements des derniers jours, était un peu en panique mais gardait son côté humain.
Une question me brûlait les lèvres, alors je lui ai demandé :
– » à votre avis, quel est le point commun entre nous tous ?
Après quelques instants de réflexion il me répond :
– » vous êtes tous à la rue.
C’est vrai, vu notre dégaine il pouvait le penser.
– » eh bien non ! Tout faux ! Vous voulez savoir notre point commun ?
– « oui.
Ce oui m’a fait plaisir car j’ai il n’était pas obligé de me répondre.
– » eh bien c’est l’alcool !…
C’est cela qui nous réunissait. Sans alcool les gens sont froids…
Je tiens un peu le coup, car j’espère encore beaucoup, que les autres sages de ce monde pourront venir, même si c’est seulement dans mes rêves, pour m’apprendre à parler, à agir, à voir ce monde beau, enfin s’il est beau.