Micky

Pedro ! C’est comme ça que tu voulais qu’on t’appelle.

Pedro, si j’écris ces quelques lignes c’est que je t’appréciais beaucoup ; je t’aimais beaucoup. Tu m’as laissé pleins de souvenirs dans mon cœur. Merci.

On s’est connu par le biais d’une l’association.

J’étais alors permanente, toi la personne en précarité, en grande souffrance, alcoolique, pour ne pas dire SDF.

Mais avant tout, tu me voyais comme une petite sœur.

Souvent tu me disais « ça va Gavroche ? Ah non c’est moi Gavroche ! Toi tu es Cosette ». Ça me faisait beaucoup rire.

Tu étais bon , souvent tu disais :  » – les gens me font de la peine.Tous courent partout énervés, stressés, plein de problèmes, etc.

J’ai l’impression parfois d’être plus heureux qu’eux ! ».

Alors que toi tu étais assis sur un carton à la sortie métro pour faire la mangave (ton expression).

Je me souviens, qu’en état d’ivresse, tu n’étais jamais violent, jamais agressif. Au contraire plus attentif aux autres peut-être. C’est tellement rare, pour que je le souligne.

Ah Pedro ! Comment ne pas t’apprécier ?!

Tu as bien essayé à plusieurs reprises d’arrêter ta consommation.

Tu arrivais à faire des pauses plus ou moins longues. Et dans ces pauses que tu as trouvé un hôtel au mois.

 

J’étais impressionné, en admiration, car moi je n’arrivais même pas à m’abstenir une journée !

Oh oui, nous étions pareils, addicts à l’alcool. Prisonnier de la bouteille. Bien sûr tu n’en savais rien.

Tu appelais la bouteille  » le diable » . Ça faisait écho en moi.

Bien sûr je n’ai jamais, jamais dit à qui que ce soit : « – il faut arrêter l’alcool. Je ne suis personne pour faire la morale. Et de plus ça ne marche pas, Ça culpabilise. »

Mais je voulais croire en toi.

Une fois tu es resté longtemps abstinent environ un mois.

Tu me touchais grave, ainsi que l’équipe quand tu disais : « – je ne connais que l’alcool, j’ai pas vécu avec mon temps. Je ne connais rien à la vie. Il faut que j’apprenne à vivre. Aidez-moi, je suis comme un bébé qui vient de naître !! ».

J’y croyais fortement.

Un soir je quittais l’assoc. Et je t’ai vu. Ivre en pleine discution.

Je ne suis pas allé dans ta direction, je ne voulais pas te voir ivre. Je t’ai évité, je ne savais pas comment réagir.

Le lendemain je rentrais dans le bureau, et j’ai vu ma collègue prendre ton dossier, et j’ai compris, tu es mort cette nuit, dans l’hôtel.

Tu étais environ le 30ème de l’année, qu’on ne reverrait plus.

Alors on a dit stop ! Écœuré !

Et le  » collectif des morts de la rue  » est né.

Le collectif liste les décès des personnes de la rue, pour ne plus les oublier.

Ils font énormément, pour rendre humain ce qui est inhumain. Contact les familles, organisent les obsèques.

 

PEDRO on est plusieurs à penser à toi quand on écoute la chanson  » Le gitan de Daniel Guichard « .

Tu nous a laissé ta trace dans nos vies.

Merci encore.

Adieu.

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