« L’enfance est une atmosphère. Décor impalpable et mouvant, mélange d’odeurs et de lumières. Les silhouettes qui l’habitent sont fuyantes, et finissent par s’envoler. Sa mélodie est apaisante, la seconde d’après elle se met à grincer. Agonie à l’envers, épopée ordinaire, c’est le début de tout ; une fin en soi. L’enfance est irréparable. Voilà pourquoi, à peine advenue, nous la poussons gentillement dans les abîmes de l’oubli. Mais elle nous court après – petit chien fébrile – et nous poursuit jusqu’à la tombe. Comment peut on en garder si peu de souvenirs quand elle s’acharne à laisser tant de traces. »
Clarisse Gorokhoff, issu de Les fillettes