14h, je suis dans le bus en direction de l’hôpital.
Rendez-vous d’angoisse avec mon hépato, j’ai chaud.
Mes mains tremblent  j’ai du mal à respirer, je ne contrôle plus mes sensations, mon corps,
Je suis comme un cargo à la dérive,
Capitaine d’un navire qui va finir par s’échouer,
Il faut que je redresse la barre ! Mais comment ?
Et c’est là que l’araignée endormie jusqu’à ces derniers jours se réveille,
Tel le Kraken de la mythologie.
Personne ne peut le terrasser, il a vaincu les Titans…
Il se met alors à envahir tout mes désirs :
Mon Kraken à moi se nomme alcool.
Lui seul peut calmer mon angoisse, ma peur,
Lui seul peut me faire tenir la barre.
À ce moment précis j’ai l’impression qu’il est le seul,
À pouvoir calmer tout ce désordre qui s’anime en moi.
Je sais que c’est un parasite.
Alors pourquoi ai-je l’impression que lui seul peut me soulager ?
Pourquoi ma souffrance et mon doute du moment font que je me tourne vers ce poison ?
Qui me soulage un instant mais me tue sûrement.
La réponse à cet instant est sûrement à ma portée,
Mais il est plus facile pour moi d’esquiver,
De glisser encore et encore,
Pour ne pas penser que je ne veux pas vivre.

Illustration : Odilon Redon, L’araignée qui pleure

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