Anna-Bulles
Je veux mourir
,
Près des galets sur une mer gelée,
Ne plus entendre parler,
Ne plus m’entendre pleurer
Ne plus vieillir, jamais,
Arrêter le temps,
Stopper cette décadence sans intérêt.
Pourquoi s’acharner à collectionner les rides et les ridules, pattes d’oie et coetera, les neurones qui partent à la sauvette.
Mais, ça y est, les cachets magiques, les cachets magnifiques sont là.
Une collection qui date des premiers soubresauts de ma conscience, une façon de contrôler ma vie, ma mort aussi, de gérer le vide, la peur aussi.
Mais c’est l’heure !
Un peu d’appréhension, une larme pour Grégoire, une larme pour Maxime, quant à Yannick, elle a sa propre philosophie, la mort est belle pour elle, pour moi aussi.
Je gobe mon poison, dans une heure la vie est finie. Je leur ai préparé des cadeaux, un album photo, j’ai empilé comme des Legos des souvenirs charnières de nos vies.
Le reste aux oubliettes, je veux profiter de mes derniers moments sur cette terre.
Un peu de drogue, je me détends, je plane, je suis bien.
Je pense à mon père, à Hervé, au père des enfants….
Je vais rejoindre tout ceux qui sont partis avant moi, cela me plaît à croire, moi la grande athée devant l’éternel.
Mais ça y est, je pars.
Ma mort est un bijou, un trésor comparé à la vie compliquée que je me suis donnée.
Je vais vous dire au revoir je commence à avoir froid sur mes galets prés de la mer gelée.
À Dieu peut être, on va se retrouver.
Je vous aime.